Hop hop hop, avant de s’emballer une précision : non je n’ai pas fait la Saintelyon intégrale de 72km mais la version Relais à 3, soit 28km pour moi sur la 1ère partie de course. « Une petite portion » que j’ai trouvée tout de même costaud pour cette 1ère expérience en trail.
Avant de tout raconter, ce qu’il faut savoir, c’est qu’avant de me mettre à courir l’été 2013, les participants de la Saintélyon étaient typiquement les profils de runners extraterrestres qui m’exacerbaient. J’imaginais le mâle dans toute sa splendeur, en mal de testostérone, avec une soif de se prouver que « yes he can » courir 72 bornes dans le froid au détriment de femme et enfants qu’il aura laisser des dimanche entier pour aller se geler les miches à Fontainebleau ou pétaouchnok pour faire ses 60km d’entrainement hebdomadaire. Mais ça c’était avant…
La Saintélyon pour les réfractaires au running (comme moi avant donc), ça peut se limiter à ça : une course en plein hiver ou tu pars à minuit de St Etienne après 4 heures d’attente dans un stade plein de runners équipés tel des Robocops prêts à partir en guerre, pour monter et descendre 72 km sur des petits chemins enneigés ou boueux et arriver à Gerland rincé après près de 10 heures de course à se geler. Comme dirait la Clem d’avant « il faut vraiment être taré ! »
« La vérité »…La Saintelyon est une vraie aventure, aussi exigeante et froide que magique et inoubliable mais c’est ça qui fait tout son attrait ! J’ai eu la chance de la vivre en Relais, dans une pure dynamique d’équipe, avec mes copains runners avec lesquels j’avais déjà vécu de très belles émotions comme mon 1er Marathon à Paris en 2014. Nous sommes partis à 4 équipes Free Runners (mon super club d’entraînement;-) et ça a beaucoup joué dans la magie de la course : c’est génial de courir en sachant que vous allez passer le relais à un pote dans un village perdu entre St Etienne et Lyon à 3 ou 5h du mat’, que d’autres compte sur vous, et accessoirement que vous n’allez pas vous farcir les 72 km …
Et je pense qu’ils s’accorderont tous à dire que c’était une course géniale, une expérience à part !
« Nous partîmes 11, nous arrivâmes 40″ après avoir croisé de nombreuses têtes connues sur place : les collègues de Urban Running, Nicolas DT3 qui tentait la course en entier, Leslie Free Runners, et mon beau-frère Thibault qui prenait le départ pour la 4ème fois de l’intégrale. C’est ça aussi l’esprit Free Runners : tu es sûre de ne jamais être seul sur 1 course !
Saintelyon : Petit rétrospective de course
17h : Dossards à Gerland
La magie de la course commence au retrait des dossards : au delà des copains Runners que j’étais toute contente de retrouver au stade, vous allez récupérer votre dossard quasi au pied du podium qui vous a fait rêver ces dernières semaines, ce podium ambiance « boîte de nuit » que vous avez vu sur toutes les photos des blogs sur lesquels vous êtes allés à la pêche aux infos pour être sûre que vous n’êtes pas le seul dinguo à vous être lancé dans cette course folle… et bien en vrai, il en jette autant qu’en photo !
Cette course, je la cours en Relais 3 avec Elena, avec laquelle j’ai croquée ma 1ère médaille Marathon l’année dernière, et Arnaud : un pompier jurassien super sympa qui remplace au pied levé notre regrettée Bonita qui a du annuler sa participation à cause d’une blessure. On fait connaissance sur place, on s’échange un dossard contre un bout de Comté que l’on descendra d’une traite à la Pasta Party (2kg toute de même la bête…).
19h : Arrivée à St Etienne pour une Pasta Party avant de camper dans le Stade pour de longues heures avant le départ. Alors attention… Pasta Party = portion d’ogre affamé = je me force parce que je vais quand même courir 3-4h = mal de bide !!! Pour moi ça n’a pas loupé sur les 1er km, mais ce n’est rien à côté de Guillaume, avec qui je courais le Relais 1, qui a du s’arrêter 3 fois pour v …. Bref, pensez au Smecta ou ne vous gavez pas de pâtes !!!
20h : Direction le Stade ou les 1er coureurs sont déjà bien installés : butagaz, gamelles, tapis de sol, et sac de couchage….Ouhhh ça sent les habitués ! Ca sent surtout L’Akiléine à plein nez, on dirait un stade shooté au Vicks Vaporub ! ça tombe bien j’étais malade…
Je regrette de ne pas avoir pris mon sac de couchage mais c’est sans compter Elena qui ouvre le sien pour en faire un tapis de sol à partager, et Lynda qui nous propose des petites chauffettes. Elena et Lynda : les grandes organisatrices sans qui cette course en équipe n’aurait pas eu lieu, merci les filles ! Je tente de dormir, impossible : le brouhaha et l’excitation me tiennent éveillée. Je me cache sous ma doudoune j’observe 2 habitués qui se préparent minutieusement juste au dessus de moi (et oui je suis allongée..) : massage des mollets, pansement sur le torse, vas-y que je te mets mon cardio torse nu en gonflant les pectos et debout. Je somnole, j’ouvre un oeil et toujours le même spectacle : massage torse-nu, muscles gonflés, ajustement du t-shirt… Je me dis que j’ai du m »assoupir 2 minutes mais Elena me confirme que ça fait 30 minutes qu’ils sont « en préparation »… Bon, ces rituels à rallonge doivent faire parti de la course ! en même temps, on ne court pas 72 km tous les jours, respect les gars…
23h30 : on ne tient plus, on range tout, on file nos sacs à nos Relais qui nous les donneront lors de l’échange de puce pour qu’on puisse vite se mettre au chaud dans le car pour Lyon (à faire pour tous les relayeurs ! c’est trop agréable de se mettre au chaud et au sec sans attendre 2h d’arriver à Lyon pour retirer son sac qui en plus n’est dispo qu’à partir de 5h du mat).
C’est l’heure de s’encourager, et de filer dans le peloton pour passer la ligne de départ. Je suis Greg et Guillaume avec lesquels je ferai mon Relais. Jr, grand champion et habitué de la Diagonale des Fous, part en tête et cartonnera d’ailleurs en 2h30 !
Minuit : c’est partiiiiii !!! Youhou, trop heureuse, je ne sens pas le froid, j’ai d’ailleurs vite très très chaud, je peste d’avoir mis une couche de trop (que je ne regretterai pas sur le plateau ou ça caille !). Je sais qu’on à près de 10km ou l’on peut se lâcher avant d’attaquer les montées, on se lance avec Greg et Guillaume, c’est vraiment top d’être à 3 ! Greg, grand champion qui court tout de même 1 semaine après son Marathon de la Rochelle et avec une grosse fatigue de ses entraînement, il nous conseille et nous freine sur notre allure : « vous vous emballez, on va trop vite ».
Les 1ères montées arrivent, je me retourne, plus de Guillaume, plus de Greg, bon je pensais les perdre mais pas aussi vite, je les pense devant, je continue…
Des montées, des montées, des petites descentes et encore des grandes montées. Je fais l’erreur de courir à tout prix dans les 1ères et je me rends vite compte que le trail c’est bien de l’alternance marche-course, à moins de s’appeler Killian Jornet… Et bizarrement plus j’avance et plus j’attends les montées durant lesquelles je récupère en marchant un peu.
On monte sur le plateau, ça caille !!! ça devient très boueux, ça demande plus d’efforts, j’ai l’impression que je dois décoller mon pied d’un chewing gum géant à chaque foulée.
Ça commence à piquer : l’alternance marche-course, l’effort des montées, le terrain peu stable, je sens que je n’ai pas les « bons muscles » là ou il faut et je me promets des montées d’escalier en rentrant à Paris…Je sens mes jambes, mais je trouve mon rythme, ça déroule, je suis bien.
Arrivée à Sainte Catherine : aaahhhh ! je n’ai pas faim, j’ai encore de l’eau mais j’ai envie de découvrir ce que c’est qu’un ravito de trail ! Ouhhh, ce buffet de fou : Pim’s, pain dépice, Tuc, pates de fruits, thé, clémentines épluchées (et ouais…), on est trop bien ! Je prends un bon thé chaud, je me pose et là je me rappelle les bonnes paroles d’Alexis de Urban : « surtout, tu prends ta soupe ou ton thé dehors, et tu files !! ne te refroidis pas dans les tentes ». Et voilà, suis tombée dans le panneau, j’étais prête à me faire un Tea Time Pim’s en plein milieu de ma course. Allé au boulot !!!
C’est reparti, il ne me reste que 12 km, je me sens bien. Une surprise m’attend vers le 18ème Km : tape dans le dos… C’est Greg qui lui a eu la bonne idée de ne pas s’arrêter et m’a rattrapé, trop contente de finir ma course avec lui. Il va me guider sur les prochains km : « tu gères mal ton effort, marche. jusqu’au 20ème tu marches, il faut gagner en pulsation ». Ok Chef ! Effectivement, ça fait du bien de marcher sur cette portion des 19-21 en montée, je récupère pour la suite. Greg a mal au coeur, il a encore son Marathon de La Rochelle d’il y a 7 jours dans les pattes + la fatigue de ses entraînements acharnés. Ce n’était pas sérieux de se lancer sur cette course mais Greg au grand coeur n’a pas voulu lâcher ses potes ! Ah sacré Greg. « Allé vas-y t’es fraîche avance« . Ok, je déroule mais ça pique !!
Après, tout s’accélère : j’entends un coureur parler du 23ème km (allé plus que quelques km !!), je m’étonne de tous ces coureurs qui s’arrêtent pour une pause pipi tous les 100 mètres (mais vous croyez qu’on fait comment nous ?), je suis bluffée des encouragements des supporters en plein milieu de nulle part à 2h du mat (chapeau !). Le terrain devient plus boueux, ça devient même casse-gueule… Je suis concentrée sur chaque mètre qui déroule sous mes pas, c’est chouette les descentes !
J’entends des clochettes, de la lumière… Le Relai de Soucieu en Jarrest ! Déjà 3h de course, qui s’arrête déjà là pour moi ! Je passe le relai à Arnaud, l’encourage et tente de trouver des têtes connues dans la tente. Quelle ambiance ! Des « boueux » comme moi qui sortent de leur Relai, des « tout propres » qui attendent le leur, des « hot dogs » dans leur sac de couchage qui n’ont pas peur de se faire marcher dessus. Trop heureuse de tomber sur JB qui attend Greg pour son Relai, il nous rejoindra quelques minutes plus tard. Je me pose avec David qui attend Guillaume pour se lancer, il observe tous ces runners qui reviennent avec de la boue jusqu’aux oreilles sans trop savoir ce qui l’attend ! Et JR, déjà arrivé depuis 30 minutes qui savoure son thé chaud après un super Relai 1 en 2h30. Renaud est déjà dans sa course depuis 30 min et il fera lui aussi un bon carton en 4h30 pour terminer la course.
Heureuse ! je pense à ceux qui viennent de prendre le relais, à Elena, Lynda et Krystoff qui vont encore devoir patienter quelques heures pour s’élancer dans la course et avoir le plaisir de passer le podium !
Une fois au complet, on file prendre la navette, ou l’on patiente en observant au chaud dans le car les coureurs qui continuent quand nous nous arrêtons… Petite amertume et grande admiration pour ces coureurs qui ont encore un marathon vallonné devant eux… Je pense à Catherine, Elodie, Laetitia qui ont déjà couru les 72km, chapeau les filles…
Une fois arrivé à Gerland avec l’équipe des Relais 1 nous attendons le 1er métro pour aller nous assoupir 1h avant de revenir pour l’arrivée de nos équipes respectives. Grosse erreur !!!
On n’arrivera trop tard et ce sera LE gros regret de cette Sainté : même pas là pour partager l’arrivée avec nos équipes… Aghhhh tout ça pour 50 min d’assouplissement sur la moquette (du super Mama Shelter de Lyon tout de même…). Je ne me ferai plus avoir….
On se retrouve au petit dej Pasta, en attendant Krystoff qui termine sa course malgré une vieille blessure. il en veut Krystoff…
Arrivé de mon amoureux qui tenait à venir me chercher après cette nuit de folie, merci Amo ! Je quitte la team, lâche la casquette Running pour remettre celle de Maman, en espérant que les kids me laissent un peu récupérer quelques heures de sommeil…
C’était une chance de vivre mon 1er trail dans ces conditions, tout comme mon 1er Marathon : avec une sacré équipe, avec un vécu de course à partager.
Bref, j’ai A-DO-RE ! Enfin pas sur le coup ou tout du moins au 20ème km mais j’ai très envie de resigner pour l’année prochaine : en relais, ou en Express, avant de revenir plus forte pour une intégrale ! et je l’espère bien avec les mêmes et plus encore :
et pour me la péter comme les grands pros, voici mon matériel de grande débutante en trail…
Mon matos :
- 1 sac à eau Kalenji spéciale femme (oui je me suis faite avoir par le marketing Décathlon).
- 1 frontale Petzel 80 lumens (et ouais maintenant je sais ce que c’est que des lumens…)
- 1 autre frontale Décat au cas ou mais dont je me serais bien passée
- ma couverture de survie obligatoire (qui a servi de sac de couchage à Greg après la course)
- mon iphone qui n’a pas trop aimé le froid
- des chaussures de trail Kalenji presque entrée de gamme, essayées 2 jours avant sur un footing bitumé de 20 min : rien à dire !
- des écouteurs, inutiles, je n’aurais jamais pu écouter de la musique, ça m’aurait coupé de la magie de la course
- des gels et 1 barre : autant vous dire que vu les ravito de Prince ça ne m’a pas servi. Mais à prendre sur 44 ou 72 pour éviter de se retourner le ventre avec des oranges ou du thé.
- des gants : que je n’ai mis qu’au 16ème km, trop chaud avant !
- des guêtres : noire au départ, marron crouté à l’arrivée… donc oui très utiles.
- ma super Garmin 620 que je n’ai pas regardée une seule fois avant l’arrivée (c’est vraiment sympa de courir sans chrono…)
- 3 paquets de mouchoirs, qui n’ont pas suffit… Plus que les montées, ça a été LE truc le plus pénible pour moi sur la course : gérer mon rhume, me moucher toutes les 2 secondes. A faire : apprendre à se moucher comme un homme …
- la niak : c’est ce qui m’a le plus aidé ))
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