Comment ça c’est un peu tard pour un compte-rendu de course… Oui c’est vrai, c’était il y a 1 mois, mais c’est bien le temps qu’il m’aura fallu pour réaliser cette journée hallucinante du 14 juin 2015. Ce jour là, je m’apprête à courir ma dernière course de la saison sur les 10KM L’EQUIPE, mais pour la 1ère fois en tant que meneuse d’allure. Pour les lecteurs non runner, le meneur d’allure est un peu au running ce que le métronome est au musicien, le drafting au cycliste : il donne la cadence à ceux qui veulent le suivre.
Et vue que, pour une ex-nulle en sport comme moi, blonde de surcroît, porter le drapeau des 48 minutes n’est pas chose courante, j’ai même une (très chouette) équipe TV là pour me suivre toute la journée.
Il faut dire qu’avec mon passif de molle de la fesse pas sportive pour un sous, la probabilité de me voir un jour meneuse d’allure était aussi forte que celle de courir un Ekidden avec Paul Radcliffe, de me faire livrer mon Auchandirect par Edward Norton, ou encore de piquer Guillaume Canet à Marion Cotillard, proba = – 1 500 (m’en fou, de toute façon j’ai mieux à la maison…).
Mais ça c’était avant… Avant que je ne chausse mes baskets durant cet été 2013. Depuis, l’envie de courir ne m’a plus quittée, j’ai vécu la frénésie des dossards, 2 marathons de dingue et l’émulation d’équipe avec mon Club. Et c’est justement dans le cadre d’une prépa marathon du Club que j’avais pris mon courage à 2 mains pour glisser à l’oreille de notre coach du jour Dominique Chauvelier, créateur et big boss des meneurs d’allure « si un jour tu cherches des meneuses, je serais très très heureuse d’en être… ». Alors quand 3 mois après Chauchau m’a tendu la perche, ou plutôt la flamme des 48 minutes pour les 10KM L’Equipe, j’ai répondu un énorme et heureux « YES » !
Commando 4’48 : ma prépa de meneuse d’allure
Pas question pour moi d’arriver les mains dans le short le jour J ! 1 mois avant, je suis passée en mode « COMMANDO 4’48 » (mon allure cible au kilomètre) :
- un entrainement sur piste ? pas de fractionné mais 4’48 du kilo dans le couloir 8
- une Réu boulot à perpet’ dans le bâtiment C ? toute l’équipe market’ au pas de course à 4’48 du kilo dans le couloir « tout court ».
- un trajet de retour du parc ? 4’48 du kilo avec les kids en trottinette « et pas de pause technique les enfants hein ! On casse pas la moyenne de maman ! »
La veille de la course, je file sur le village des 10KM L’Equipe-Puma pour retirer mon dossard et rejoindre Chauchau et ses meneurs. Un peu intimidée parmi ces athlètes tous aguerris à l’exercice, je me détends vite grâce à la bonne entente qui se dégage du groupe et l’accueil sympa réservé aux 3 bizuts : Seb de Paris Road Runners, Maud et moi. Et j’y retrouve aussi des têtes bien connues : Marie, coach en chef free runners, Adrien autre super coach, Elodie qui m’annonce un RP à chaque fois que je la vois, Romuald et Seb avec lesquels nous avions fait notre repérage du parcours des 10KM L’Equipe 1 semaine avant. Je fais aussi connaissance avec Clarisse, Sylvain, Laurent, Michelle et Marie-Caroline, et profite de leurs conseils avisés pour le lendemain. On vogue de stand en stand, pour prendre la pause avec nos flammes. Mmmmm…mais… cette odeur…arnica-camphre-citronnelle…-tilt- : « Spraydol » ! Je retrouve sur le stand la fine équipe du sponsor des 10KM L’Equipe et l’adorable Muriel Hurtis avec laquelle j’avais suivi un coaching 5 étoiles (le récit ici) la semaine d’avant. Mais pas le temps de profiter de leurs charmants masseurs, il est temps pour moi de rentrer…
Jour J : je me réveille avec un sourire qui ne m’aura pas quitté depuis la veille, et saute dans ma tenue PUMA de meneuse (qui est franchement top !). Je rejoins les meneurs pour le grand moment de vérité : l’installation de la flamme…Et oui : elle ne tient pas par l’opération du Saint Esprit mais par un harnais, que je mettrais bien sûr dans le mauvais sens. Grâce à Clarisse je m’en apercevrais a temps pour ne pas louper le cérémonial de la flamme : tu te prosternes, concentré, le dos droit, ton harnais prêt à recevoir la flamme qu’un meneur te glissera minutieusement dans le dos.
Je tente d’apprivoiser mon drapeau qui a tendance à se faire la malle sur les côtés. Elodie me rassure : « tu verras, dès que tu cours ça passe, il reste en place, tu ne le sens plus». Elle me conseille aussi de prendre mes distances avec le pire ennemi de course pour le meneur d’allure : « les panneaux de signalisation et les camions ». Effectivement, un feu rouge venu flirtouiller avec ma flamme a failli arrêter net ma course.
Après quelques photos sous l’arche de départ, je file rejoindre mon SAS avec Clarisse, Michelle et Seb. Parmi les 20 000 coureurs du jour, je réussis à tomber par hasard, comme sur mes précédentes courses sur Liliane, mon lièvre habituel, Jérôme mon voisin runner qui m’a boosté sur mon dernier marathon, et retrouve aussi les copains runners du Club. Le temps de quelques accolades et d’encouragements, je file rejoindre mon SAS avec Seb : lui au début, moi au milieu. Ma flamme intrigue : « ça tient comment ? C’est pas compliqué de courir avec ça dans le dos ? ». Je repense aux bonnes paroles d’Elodie, prends un air le plus assuré possible : « no worry, dès qu’on court elle reste en place », dis-je avec ma flamme qui au même moment penche à droite, jusqu’à venir caresser la joue d’un runner à 2 mètres sur ma gauche (et oui, c’est long ces p’tites bêtes !).
Coup de pistolet, c’est parti !
C’est un peu la cohue au début et je pars un peu vite. Le peloton des 48’ se forme et je trouve le rythme au 2ème km. Mon plan de course : partir sur 4’45 du kilo sur les 5 1ers km roulants, et se garder un peu de marge pour les faux plats casse-pattes des derniers km.
2ème km : « attention chuuuute ! ». Sous mes yeux, grosse gamelle du grand blond avec un T-shirt bleu qui tombe de toute sa hauteur. Aïe…Un quart de seconde je pense à m’arrêter mais ma flamme me rappelle vite à l’ordre « Wow t’es pas toute seule Clem ! » J’ai à peine le temps de lui demander si tout va bien et de relancer…
Kilomètre 4 : 1ère difficulté sur l’avenue Daumesnil. « Allez les 48′ ! on s’accroche, le ravito nous attend au bout de la montée ! ». Sous les conseils des meneurs, je prends une bouteille pour montrer l’exemple et la file au 1er venu.
KM5 : Le peloton se reforme vite après le ravito : « allez les 48 minutes, c’est bien ! On a fait plus de la moitié car le dernier kilomètre est en descente ! »
« Oh non déjà le 6ème km ! » C’est bien la 1ère course ou je râle de voir défiler aussi vite les kilomètres. J’ai envie d’arrêter le temps, de prolonger le plaisir… « Un 10km ça passe vite, enjoy cette course « so spécial » Clémence… »
Avant d’attaquer la dernière difficulté vers le Père Lachaise, je tente une blagounette mais sans trop d’écho, ils sont tous à bloc…ah si un pouce levé à ma droite, merci Monsieur !
9ème km : « Bravo, on y est, si vous en avez sous le pied lâchez-tout !!! ça ne fait que descendre sur le dernier km alors régalez-vous ! » Ah… le peloton est en forme car je me retrouve en moins de deux seule sur les derniers mètres. Je garde la cadence et hurle en transe des encouragements aux coureurs qui me doublent à fond. Je passe la ligne d’arrivée en 47’35 mn. Une fois n’est pas coutume, je suis un peu déçue de ces 25 secondes manquantes à mon chrono, en espérant avoir tout de même bien accompagnée mon groupe des 48’…
Sous l’arche d’arrivée, je croise des coureurs qui me remercient (ça fait vraiment chaud au cœur !), retrouve toute heureuse les meneurs pour débriefer de cette super course, dont Seb qui a autant que moi adoré l’expérience (son récit sur Paris Road Runners). Le temps d’attendre les meneurs du dernier SAS, je retrouve avec plaisir des têtes connues du Club et d’ailleurs et…. Mais… c’est le grand blond de la chute du début ! Il a finalement pu continuer sa course et a tout de même fait son temps cible, bravo !
A l’arrivée de Maud et Romuald, les derniers meneurs du SAS 1h, il est temps pour l’équipe de rentrer se changer. « Hein ? comment ? déjà ? » Je retire ma flamme un pincement au cœur « vous êtes sûrs ? je peux pas rentrer avec ? allez, au moins sur 2 stations de métro et je vous la rend à Chatelet ? »… Je rends mon costume de scène et file avec « Marie super coach » m’attaquer à la 2ème partie de cette folle journée : le tournage d’une séance de fractionnés. (à suivre…)
Un grand merci à toute l’équipe des meneurs pour leurs accueil et conseils, et à Dominique Chauvelier de m’avoir permis de vivre cette super expérience. C’était top, merci !
Et pour finir, un panaché de photos. excusez la parenthèse narcissique mais pour une fois que je ne suis pas en train de perdre un poumon, la langue pendante sur des photos de course j’en profite !