Prête ! Je suis prête, en stress total, mais préparée à en découdre de ces 42,195km que je m’apprête à courir pour la seconde fois. Ca fait 1 an que j’attends ça, 1 an que je trépigne de pouvoir à nouveau prendre le départ de cette distance unique, dans ma ville, avec mes camarades de club. C’est d’ailleurs auprès d’eux que je vais chercher de bonnes ondes lors de la traditionnelle photo d’avant-départ. J’y retrouve Elena qui s’apprête à courir un « so special Marathon » avec Aurélia, Lynda, Guillaume, Krystoff, Renaud avec lesquels j’ai couru la Saintélyon, Blandine et Fred qui courent leur 1er marathon, et Zeinab et Alexis qui feront un super chrono, Laetita, Thomas… bref, y a du monde chez les rouges ! Le temps de quelques accolades et d’encouragements, je file rejoindre mon SAS avec Fred.
Instant poésie dans le SAS 3h15
En ce jour de marathon, les Champs appartiennent aux coureurs, ça grouille de partout ! Je me fraie un chemin pour prendre place dans mon SAS. Ouhhh mais y en a du monde, il n’y a surtout que des mâles avec des têtes de champions là-dedans ! Je commence à douter : aurais-je été trop gourmande à changer mon SAS 3H30 pour le 3h15 ?… Ah mais non j’aperçois une belle black aux jambes de gazelles qui vient se poster à quelques mètres de moi, mais…mais je la connais ! C’est mon lièvre des 20KM de Paris, que j’avais également retrouvé dans un peloton sur mon Semi-Marathon de Paris il y a 1 mois. C’est pas dingue ça ?! On est plus de 50 000 à prendre le départ et je la retrouve pile à côté de moi ! Mais je ne suis pas au bout de mes surprises car la Providence marquera plusieurs fois ma course…
On échange quelques mots : elle s’appelle Liliane et vise 3h15, tout ça en s’entraînant seule et en toute humilité. Liliane s’envolera dès la ligne de départ et fera 3h1511′, bravo à toi en espérant pouvoir te suivre sur la prochaine course !
L’attente du départ me parait interminable, le stress monte, je tremble…
Cette année, je m’étais promis de ne pas me faire avoir : Non, je ne ferai pas comme sur mon 1er marathon 45 minutes de queue pour une dernière pause technique avant le départ. Cette année, j’étais déterminée à suivre la méthode Emma : « tu te baisses, tu le baisses, tu le fais en douce sous ton poncho et c’est fini ». Bon en vrai c’est pas si évident…Au bout de 15 minutes d’hésitations et d’attente que le Monsieur de devant daigne se lever (oui je sais suis sympa…), je le tente. « Ok Clémence, tu viens de le faire au beau milieu de la plus belle avenue du monde… ». Défi n°1 relevé, mais le 2ème qui m’attend est un plus gros morceau et il démarre dans quelques minutes.
Marathon Acte I
Top départ donné pour les Elites ! Les 3h partent suivis rapidement des 3h15. A nous ! Mon temps cible, je l’ai au poignet : PLAN A en 3h23 à mon poignet droit, et PLAN B 3h30 à mon poignet gauche. Pourvu que je reste droitière tout au long de ma course…
On s’élance avec Fred en veillant à ne pas s’emballer niveau allure : 4min45 au kilo. 1er, 2ème, 3ème kilomètre, en bon élève on tient parfaitement la cadence… Mais je n’ai qu’une envie : accélérer ! Je pense aux bonnes paroles de Marie, coach en chef Free Runners, qui m’encourageait à viser 3h20; à Ivan, mon jumeau d’entraînement, qui a du partir sur l’objectif 3h15. Non mais qu’est-ce que je fais là ? Ma petite voix me crie « Ok Clémence, tu cours un marathon par an, et tu fais ta p’tite joueuse ? Mais passe moi la 5ème tout de suite non mais !!! Quoi y a un mur au 30ème ? Mais tu vas lui ravaler sa façade au mur ! Allez Gooooooo !« . Je me souviens aussi qu’un marathon commence au 32ème et que je risque de le payer cher… M’en fous, j’ai les jambes qui réclament, le cardio prêt à donner, et l’envie de mordre, je monte doucement et me cale à l’allure 3h15.
KM5 : je sens un coureur qui marque l’arrêt à mon niveau… Mais… mais c’est pas possible : c’est Jérôme ! Pour ceux qui n’ont pas lu mon récit du Semi-Marathon, Jérôme est mon voisin runner retrouvé par hasard au 18ème km, qui m’avait bien boosté sur la fin du parcours. Et bien Jérôme is back à mes côtés parmi la tripotée de coureurs lâchés en plein Paris. C’est pas beau ça ?!! Après 5km à courir ensemble, Jérôme me souhaite bonne chance pour la suite avant de partir retrouver son copain qu’il accompagne sur un objectif 3h30.
Je continue mon parcours sans encombre, dans ma bulle, concentrée sur chaque kilomètre et en loupe même quelques supporters Free Runners sur le bas-côté. Je croise tout de même Chauchau-Dominique Chauvelier au 9ème, posté pour encourager tous les coureurs du Club.
Marathon Acte II
KM 18 : un heureux hasard m’attend de nouveau. J’entends un « Hey Clémence ! » Mais… Mais c’est Eric ! Camarade d’entraînement de Urban qui me dit viser moins de 3h30. Mmmm Eric, tu sais qu’à ce rythme tu vas nous faire un 3h là, tu cours comme un taureau… « Je suis irrégulier et y a pas plus régulier qu’une femme, alors je te suis ! » Pas faux mais moi je suis plutôt montagnes russes en allure de course ! Calés sur un rythme de 3h15, on enchaîne les kilomètres du 18 au 29ème, à deux c’est tellement mieux ! Au semi, ma montre m’indique 1h37’41, soit 3 minutes d’avance sur mon objectif de 3h23… Bien ? Pas bien ? Je sais que c’est vers le 32ème que tout se jouera…
Pour l’instant je me concentre sur ma récompense de mi-parcours qui m’attend au 22ème km : ma petite famille. Je les guette rue de Lyon et me jette sur eux ! Un bisous express à mon homme et mes 3 petites têtes blondes et en moins de 2 sec me voilà partie : et oui les loulous, maman a un chrono à faire ! Cerise sur le gâteau, quelques mètres, plus loin j’ai le meilleur comité de supporters du Marathon qui m’attend : les Free Runners que j’avais aperçu vers le 4ème km : Stéphanie, Marie, Carmen, David, Pierre, Etienne, Sophie et Carla, Seb en photographe ! Je les salue en lâchant un bon cri de lionne avant de repartir reboostée. Merci pour votre ferveur qui nous a tous portés, si vous saviez comme c’est efficace !
Mais un point de côté calme vite mes ardeurs, il ne me lâchera pas du 23ème au 29ème km. Je m’accroche à la foulée d’Eric, qui grimpe les montées de sorties de tunnel « finger in the nose » pendant que je tente tous les stratagèmes possibles pour me débarrasser de ce foutu point de côté… Vous vous souvenez avoir dépassé une blonde courir en mode « Casimodo » ? C’était moi ! Courir penchée du côté du poing de côté le bras le long du corps (méthode Jérôme), serrer les poings à m’en faire mal aux mains, souffler comme un boeuf, ah ?…ça marche ! Ah non c’est passé de l’autre côté…Au 29ème, Eric me laisse pour retrouver à son tour sa famille. Me voilà seule.. mais sans poing de côté ! Ouf, je revis de ne plus courir avec ce poignard dans le ventre. Une fois les quais passés, je tombe sur ma petite Gilda et ses 2 p’tites nattes qui me boostera avec un « Allez Clem ! », je croiserai quelques mètres plus loin Elodie, trop contente de les avoir vues !!
Le 30ème est là, plus que… Non allez, on fera les comptes au 38ème hein, on va pas s’achever tout de suite !
Marathon Acte III
J’arrive au niveau de la Tour Eiffel… Pff, elle est belle cette grande dame de fer, à chaque fois que je la vois je ne peux m’empêcher de m’émerveiller. « Wow, Clémence, focus marathon, on n’est pas là pour faire du tourisme ! » .C’est à ce niveau que j’avais perdu en rythme l’année dernière. C’est là que tout commence : Marathon Acte III me voilà ! 32, 33, 34 : les km défilent, et mon allure baisse… « Clem, garde le rythme ! Mets toi en mode Duracell. Tu es un lapin, allez, tu es un lapin rose, un pas après l’autre, Du-ra-cell ! ». Bah oui mais un lapin Duracell, sur le faux-plat du 35ème ça marche pas ! Ma montre m’indique 5’20 du kilo, et j’ai pourtant l’impression d’aller bien, d’avancer, peut-être une erreur GPS ? Bah voyons… mais non, je suis bien en train de lâcher côté jambes. A l’entrée du bois de Boulogne, Mohamed, meneur d’allure 3h15 et son peloton me dépasse à la vitesse de l’éclair en me lançant un « allez Free Runners ! ». Ok, j’ai vraiment perdu en allure… C’est le moment de prier Sainte Paula.
SOS Paula ! Je me souviens d’une interview de ma petite Paula Radcliffe (recordwoman sur marathon) qui donnait son secret pour tenir sur Marathon : « you know what ? I just count !« . Ok, c’est parti : « 1,2,3…j’ai soif…22,23,24…plus que 6 km…62,63,64…pfff et pourquoi je me retrouve seule au moment le plus dur hein ?…. 82,83,84… Mais, mais c’est Jérôme ! » Sainte Paula m’a exaucée ! Jérôme me rejoint à l’entrée du bois pour me booster sur les ultimes derniers kilomètres, moi « Cougar« . Wowowo, on se calme les jeunes, j’ai pas dit une cougar mais Cougar : vous savez, celui qui n’arrive pas à rejoindre son porte-avion dans TOP GUN, trop dans le cirage Cougar à cause du Mig… (Revoyez vos classiques les jeunes!). En bon Maverick, Jérôme me cueille dans le dur pour me porter jusqu’à la ligne d’arrivée « reste dans mon aile, c’est bien Clémence, une vraie balade, t’es en train de faire un super temps ». Mon chrono… ça fait bien 10 km que je n’ai pas regardé mon temps, aucune envie de me décourager vue l’allure que me donnait ma montre…
41ème km : enfin un ravito ! Je prends le temps de ralentir pour boire plusieurs gorgées d’eau, avant d’attaquer le dernier kilo, je suis assoiffée ! « Clem, profite de ce dernier kilomètre, tu vas en rêver jusqu’à ton prochain marathon ! » Je n’arriverai à accélérer pour un sprint que sur les 195 délicieux mètres de l’Avenue Foch, qui n’ont de saveur que grâce aux 42 kilomètres précédents…. Cougar et Maverick passent la ligne d’arrivée main dans la main, bras levés ! Yeeeeees ! Je regarde mon chrono… Non, pas possible… 3h19 et 33′. Un temps dont je n’aurais même pas osé rêver pour ce 2ème marathon,…25 minutes de moins que sur mon 1er ! Je partage ma joie à Maverick, sacré Maverick, qui a préféré m’aider et se caler sur mon allure plutôt que de s’envoler pour grappiller quelques secondes sur les derniers kilomètres : énorme merci !
Eric nous rejoint à peine 2 minutes plus tard : entourée de mes 2 anges-gardiens de course, je file chercher ma médaille, je croise Greg, qui courait en éclaireur avec son poulain Antoine. Je cherche des têtes connues sur la ligne d’arrivée, Pascal qui doit tous nous guetter. Je pense à mes copains d’entraînements et espère les savoir arrivés avant moi : Ivan, Jean-Sam, Jean-François… à Caroline, Fred, Thibault qui sont encore dans la course pour leur 1er marathon. J’appelle mon homme, puis Elena et Aurélia qui se trouvent au 26ème. Je tente de trouver des excuses pour rester dans la zone d’arrivée, je veux rester dans cette parenthèse marathonienne…
Je remonte seule l’avenue Foch vers la sortie, les yeux commencent à piquer, je sens l’émotion monter. Mon frère, comme l’année dernière, m’attend pour me féliciter , je tombe dans ses bras, émue… Mélange d’émotions, de fierté, et de tristesse, voilà, c’est fini… Il va encore falloir patienter pour courir le prochain…
J’ai adoré cette course, cette distance, ça se précise : j’aime le Marathon ! Une course dans la durée, que je trouve moins violente qu’un 10km ou semi ou je me sens plus arrêtée par mon souffle.
Merci à la ferveur des supporters tout au long de la route : les Free Runners, best comité de soutien ever répartis sur tous le parcours, Jérôme, Valéry, Arnaud, Violaine, Clémentine, que je ne sais plus à quel niveau j’ai croisé ! Merci à ma petite famille qui supporte mes plannings d’entraînements. Merci à Pascal, le maître de la maison rouge sans qui je serai encore au stade d’1 à 2 séances de gym suédoise annuelles, et à la super coach en chef Marie pour ses plans d’entraînements et conseils super efficaces, ainsi qu’à Jérémy, Adrien, Caren-Laure et tous les coachs…Vous nous faites tous vivre des trucs de dingue !
Et merci à Maverick & Ghostrider : c’était super de partager ces moments de course avec vous!
Mes 3 partenaires de course : Jérôme, Eric, Fred.
Marathon Acte IV pour le Club FR :
merci Seb pour les photos et vidéos ! www.sorties-photo.com.
Le marathon de Paris en vidéo, by Seb :