La piscine : un loisir pour certains et une bête noire pour d’autres… C’est souvent le cas pour les coureurs qui, blessés, n’ont d’autres choix que de se tourner vers les bassins pour épancher leur frustration et venir combler leur manque de sport.
C’est ce qui m’est arrivé il y a quelques mois quand, à mon tour privée de baskets pour une durée indéterminée, j’ai senti que je devenais l’archétype du runner blessé : chiante, raloûe, aigrie, une menace pour la survie de la bonne entente familiale. Un soir, avachie sur mon canapé à descendre à la cuillère mon pot d’Haagen Dazs des mauvais jours, je me suis ressaisis : « Hey Clem, y a pas que la course dans la vie ! Le sport d’impact ne veut plus de toi ? Lance-toi dans le sport porté ! ».
Ni une ni deux, j’ai dépoussiéré mon Speedo vintage des 90’s, piqué les lunettes de natation de Junior 1 et hop : direction la pistoche ! Finis les vestiaires qui sentent le stade, les toilettes qui sentent les toilettes. A moi les odeurs de chlore, les yeux d’albinos et les pansements flottants, ouais !
Alors si toi aussi tu te retrouves à troquer tes baskets contre tes claquettes, voici quelques conseils pour comprendre les codes du bien-vivre en piscine.
Choisis ta cabine
Check n°1 : le porte-manteau. Ton combat ultime en piscine : déjouer les lois de l’apesanteur, éviter tout contact de tes affaires personnelles avec le sol. Donc veille à ne pas prendre la cabine sans patère. N’oublie pas que tu as ton sac de sport, ton sac à main et ton manteau à accrocher. Et ne compte pas sur le mini-banc qui fait la moitié de ta fesse pour y faire tenir tes affaires…
Check n°2 : le verrouillage. Tu as pris soin de bien baisser la barre de verrouillage mais une fois dans ton plus simple appareil, Francis débarque dans ton vestiaire. Et oui…tu es dans une cabine double entrée et tu dois bien bloquer les 2 portes en faisant le grand écart avant de rabattre ta barre de verrouillage…
Fais peau nette
En running c’était tellement simple… Pas le temps de s’épiler ? Une bonne paire de chaussettes de compression et on n’en parlait plus ! A la piscine, pas de feinte possible. Pour éviter le maillot de bucheron, on double l’abonnement piscine par une carte VIP chez Bodyminute.
Pour vous les hommes : pensez aux autres nageurs et rasez-moi toutes les barbes à la ZZtop. Un homme a barbe, c’est un homme qui garde une trace de ces 3 derniers repas sur le menton, et on n’a aucune envie de nager dans vos restes de choucroute de la veille ! On oblige bien les bonnets en piscine, alors pourquoi on n’interdirait pas les barbes, hein ?
Ne lâche JAMAIS ta serviette
Il y a 2 trucs qui me rendent hystérique : faire tomber le doudou de mon fils dans le caniveau un jour de pluie, et la chute de la serviette de bain à la piscine municipale. Car une serviette ne tombe jamais sur une zone sèche et vierge de tout corps étranger. Non la serviette est aimantée par la touffe de cheveux, le poil errant, la flaque de javel. Et que tu mettes 1 ou 10 secondes à la ramasser le mal est fait. Donc ne lâche JAMAIS ta serviette, et accroche la bien avant de filer prendre ta douche…
Choisis bien ton couloir
Filer dans le couloir des champions en papillon pour nager pépère en brasse, c’est comme prendre le SAS marathon 3h alors que tu le feras en 4 : tu risques de te faire appeler Arthur… Et se précipiter à repartir sur une longueur pour garder ta place alors que tu as un nageur plus rapide dans les pattes, c’est comme partir en fractionné à la corde juste devant le troupeau des champions qui arrivent en trombe : on évite !
Nage droit
En dos crawlé, tu as vite fait de virer dans le couloir de ton voisin qui nage en brasse en sens inverse. Ta main droite effleure une cuisse velue, avant de terminer sa course dans le mille. C’est ce qu’on appelle « mettre la main au paquet ». Surtout, ne relève pas la tête et continue ta longueur. Le bassin c’est le monde de l’anonymat : caché derrière ton bonnet et tes lunettes, tu es méconnaissable, tant mieux pour toi.
Arrête de compter tes longueurs
Tout allait bien jusqu’à ton 7ème 25m, avant que tu ne penses au cahier 97 pages vert à petits carreaux avec rabats mais sans spirale que la maîtresse de Junior 3 t’a demandé d’acheter pour demain. Et voilà : tu ne sais plus si tu es dans ta 7ème ou 8ème longueur. Bon dans le doute tu te dis que tu dois être à la 9ème et tu gratteras comme à chaque fois 100m sur ta séance. Oublie le nombre de longueurs et compte en durée, c’est plus sûr…
Reste humble
Tu pensais dès la 1ère séance enchaîner les lignes de papillon à la Manaudou grâce à ton endurance acquise à force de courir le bitume ? Oublie ! En natation tu pars de zéro, c’est un sport exigeant qui demande précision et technique pour trouver tes appuis et ta respiration. Alors sois patient, accroche-toi et le plaisir de nager viendra !
En dos crawlé, tu t’arrêtes 3 mètres avant la fin de chaque longueur par peur de te prendre le mûr et tu termines en brasse ? Arrête de penser que tu vas plus vite et fais confiance à tes bras pour t’arrêter !
Combats le cheveu virtuel
Tu t’es séché, tu t’es rhabillé mais tu as la sensation d’avoir toujours un truc accroché au pied… Tu as beau t’essuyer, regarder de nouveau : le cheveu invisible est bien là, tu le sens, il te répugne virtuellement mais tu te résignes en vain à mettre tes chaussettes pour l’oublier… Mais rien à faire, tu le devines, il est toujours là entre le 4ème et le petit orteil et parfois tu le sens même sur la cuisse, sous ton jean, ça ne te quittera pas de la journée.
Prévois le ravalement de façade
Tu sors de ta cabine et tu croises un beau brun qui te regarde sourire en coin. Ah ? Serait-ce le propriétaire du « paquet » qui te remercie de ta caresse aquatique ? Non…Tu comprends vite en t’apercevant dans le miroir : on dirait un mix de Courtney Love au maquillage coulant et du Mime Marceau avec ta peau blanche desséchée par le chlore… Et avec tes lunettes de bain piquées à ton fils de 7 ans, tu repars avec les empruntes ancrées pour tout l’après-midi. Ça tombe bien tu as une réu. d’équipe dans 1heure… Bien prévoir la séance hydratation-maquillage après ta séance pistoche.
Prends des cours
Si comme moi ta pratique se limite à de la brasse et du dos crawlé, prends des cours de crawl pour varier les plaisirs, il n’est jamais trop tard pour s’y mettre !
Ah, cette foutue blessure qui t’a obligée à troquer tes tours de piste par des longueurs tu la méprises… Mais tu finiras par la remercier : elle t’a peut-être donnée l’occasion de préparer un nouveau chapitre sportif : un p’tit triathlon ?