Pour illustrer les plus belles manières de planter son marathon, il me fallait un cas, un expert en la matière de mauvais running. Sans hésitation aucune, j’ai donc fait appel à la crème du Runner maudit, avec lui pas de demi-mesure : il sait franchement rater sa course, sans lui donner aucune autre issue possible que le fiasco. J’ai nommé Jacky le Runner.
Mais oui vous savez Jacky, celui qui connait l’humour Bigardien sur le bout des doigts, qui fait exprès d’accélérer quand vous le doublez en courant et qui bombe le torse à l’approche de runneuses en short. Et bien quand Jacky se lance sur la distance reine, ça donne ça :
Jacky est un adepte du plan d’entraînement minimaliste
La préparation et Jacky : c’est une courte histoire. Il faut dire qu’il n’a pas eu trop le temps de s’entraîner Jacky. La faute à son copain Gégé qui un soir a lancé un pari à la noix après une 4ème tournée de bière : « même pas cap de courir un marathon » !
Il n’en fallait pas plus pour motiver Jacky : après tout 42 km c’est seulement 4 fois ce qu’il a couru au cross des papas de l’école de Jean-Kevin, son p’tit dernier. Bon, c’est sûr Jacky aurait préféré le marathon du Médoc histoire d’allier l’utile à l’agréable, mais là c’est celui de Paris qui lui tend les bras.
Pour ce, Jacky a suivi un plan d’entraînement dégoté sur le net, oui c’est vrai il l’a commencé à la 8ème semaine… Mais Jacky sait qu’il peut compter sur le foncier engrangé grâce à son sport fétiche, la pétanque. « Et avec la flexion-extension sur le tirage de boules, mes cuisses, c’est du béton ! »
Jacky suit presque à la lettre son plan d’alimentation d’avant course
S’hydrater, et faire le plein de glucides. On ne le dira pas deux fois à Jacky qui a enfin une bonne raison d’imposer à Josiane (Madame Jacky) son plat préféré sur toute une semaine : spaghettis carbonara avec crème fraîche à volonté. On t’a dit de faire le plein de féculents Jacky, pas de te boucher les artères…
Côté liquide, son truc à Jacky c’est le Picon Bière…Mais Jacky en bon soldat est prêt à faire un effort : 7 jours avant le jour J, il passe en mode Red Bull « pour courir comme un taureau » ! Ce n’est pas la taurine qui va hydrater tes tissus Jacky, gare à la crampe le jour J…
Le petit dej de Jacky
Se lever à 6h pour bien digérer son petit dej : Et pourquoi pas boire de la Vitell pendant que t’y es ?!! » Les grasses-mats’ de Jacky c’est sacré. Mais Jacky a plus d’un tour dans son sac : il a prévu son Gatosport pour gagner 2 heures de sommeil. Seul hic, un gâteau, même en version Sport, se cuit à l’avance. Alors après un grand moment de solitude face à son gâteau déshydraté, Jacky se rabat sur le plat de pâtes réchauffé de la veille « des féculents qu’y’z ont dit ! »… Un grand café au lait suivi d’un bon nectar d’orange acide à vous décrocher les boyaux et voici Jacky fin prêt pour s’habiller.
Jacky, c’est le roi de l’impro
Jacky n’aime pas être prévoyant car comme il le dit souvent à Madame Jacky « c’est pour les tapettes ! ». Alors à l’heure d’enfiler sa tenue de combat, Jacky court après ses affaires. Allez hop, on récupère le short dans le panier à linge, on pique les chaussettes du p’tit (Josiane, t’es encore en retard sur les machines !), on enfile ses baskets toutes neuves achetées la veille sur le Running Expo en allant retirer son dossard. Un baptême de baskets sur marathon, c’est pas le pied Jacky, gare à toi…
Pas d’épingle pour accrocher son dossard ? Jacky sait s’arranger de toutes les situations : « 4 agrafes et on n’en parle plus ! ». Erreur Jacky, tu vas les sentir passer celles-là…
Jacky au top de la techno
Sous les conseils de Gégé, Jacky s’est offert la Rolls de la cardio : la toute dernière Polar. Ça bipe de partout et y a plein de mots compliqués, mais comme dit Jacky « y suffit d’appuyer sur le bouton pour démarrer le chrono ! » Oui Jacky, sauf que tu te lances sur 42km en mode « Ski de randonnée » et en « miles » avec 10 minutes de batterie. Bonne course…
Jacky est rock’n’roll
Pour se booster sur 42km, Jacky compte bien sur sa playlist concoctée spécialement pour l’occasion : 80% Johnny, 20% Eddy, ça va swinguer sur le bitume… Ca le booste Jacky, il a même l’impression d’en devenir irrésistible au vu du sourire en coin des runneuses sur son passage. Non désolée Jacky… Ce n’est pas dû à ton sex-appeal mais plus à tes écouteurs mal enclenchés qui font profiter tous les coureurs de « l’envie d’avoir enviiiiiiie, qu’on me donne l’enviiiiiie ! ». Merci Jacky
Jacky sur le départ
Jacky est malin : il opte pour un départ dans le SAS 3H quand il compte faire 1heure de plus, « pour être pépère ». Sur les pavés de la plus belle avenue du monde, dans son SAS de champions, Jacky se sent puissant, il se sent l’âme de Zatopek, il se sent… il se sent mal, il a mal au bide Jacky, « la faute aux foutues pâtes de Josiane ». Alors Jacky sort de son SAS direction Toilettes et grille toutes les gentilles runneuses attendant patiemment leur tour depuis ¾ d’heure. Départ des 3H raté Jacky, et retour à la case départ, il va falloir partir avec les 4h30…
Jacky s’emballe
Dès les 1ers kms Jacky se laisse griser par le départ euphorique sur les Champs. Jacky aime doubler, alors Jacky fonce en slalomant entre les coureurs et beugle à tout va « mais décalez-vous sur la droite bon sang ! » Jacky a oublié qu’un marathon c’est un 10km après un 32 bornes…
Jacky aux ravitos
Jacky, c’est le roi de la queue de poisson pour arracher la 1ère bouteille tendue sur le ravito qui s’étend pourtant sur 100 mètres. Une gorgée d’eau et hop, Jacky balance sa bouteille en assommant son voisin de droite, sans chercher à viser l’une des 20 maoussees poubelles vertes spécialement disposées sur le bas-côté : « bah quoi, suis là pour un marathon, pas pour un match de basket ! »
Jacky en peloton
En course, Jacky parle, il aime à raconter sa vie, il commente tout et a la remarque facile « alors mamzelle, ça souffle fort ! On n’en peut déjà plus ?». On aimerait bien qu’il la ferme Jacky, d’ailleurs on ne l’entendra plus beaucoup faire le malin à partir du 10ème…
Crampe, ventre en vrac, ampoules dans ses baskets toutes neuves, tétons en sang, chute à cause de lacets défaits, Jacky souffre et enchaîne les arrêts. Mais Jacky a beau être un « Jacky », il a son honneur et tient à son titre de Finisher. Alors Jacky marche, mais à l’approche de photographes, veille à bien reprendre sa course d’un air décidé pour prendre la pause. Le problème Jacky, c’est qu’un dossard ça s’accroche sur la poitrine, pas dans le dos… Bonne chance pour retrouver tes photos.
Jacky a toujours des excuses bidon
Jacky sait toujours s’en sortir avec panache et a plus d’une excuse en stock pour justifier de son marathon fait en 5h30 après s’être vanté d’en valoir 4 : « ouais mais tu sais j’accompagnais un copain, zéro mental dès le 20ème le gars…» ou encore « suis plutôt trail que bitume. Je suis un contemplatif moi, j’ai besoin de profiter du paysage »…
Attention, on a tous en nous un p’tit côté Jacky… Alors si tu veux réussir ton prochain marathon, ne laisse rien au hasard, fais des triple nœuds à tes lacets et recharge ta montre ! Bonne course à tous.
Tu as raté le 1er épisode de Jacky le Runner ? Il est ici !